On l'appelle 'Porcelaine' et ce n'est pas pour rien: à peine on effleure l'une de ses feuilles que celle-ci se détache de la tige qui la portait. Je n'ai jamais aimé ce nom (comme la plupart des noms 'communs' d'ailleurs), mais il faut reconnaître qu'il est bien plus facile à retenir que son nom Latin: Graptopetalum paraguayense!
L'avantage des noms Latins, quand on se penche un peu sur la question (et même si, comme moi, on n'en a jamais fait!), c'est qu'ils nous donnent des indications: en général leur provenance, le nom de celui qui les a découvert, mais aussi la taille ou la forme de leurs feuilles & de leurs fleurs...
C'est le cas pour notre Graptopetalum paraguayense: cette délicieuse succulente semble nous venir du Paraguay (vous savez, ce petit pays d'Amérique du Sud coincé entre l'Argentine, la Bolivie, le Brésil & l'Uruguay?) mais en fait et plus largement depuis l'Amérique Latine & jusqu'au Méxique... Aucune gloire (outre traverser l'Océan Atlantique sur un voilier!) pour celui qui nous a rapporté quelques pieds de cette délicieuse succulente: n'importe quel enfant pourrait la multiplier! Que ce soit en bouturant un fragment de tige, une rosace ou même en fichant une simple feuille dans la terre: chacune de ces opérations donnera naissance à une nouvelle descendance... Sa fragilité est sa force: l'effleurer c'est risquer de faire tomber l'une de ses feuilles, mais c'est aussi & surtout le meilleur moyen qu'elle à trouvé pour assurer sa propagation!!
J'insiste sur la facilité de la multiplier parce que cela, et malgré le temps qui passe, ne cesse de me fasciner. Prenez une simple feuille que vous laisserez traîner ici ou là, qu'il y ait du soleil ou qu'il n'y en ait pas, avec ou sans humidité & devant une fenêtre ou pas: vous la verrez pousser!! Oui, de ce petit fragment de vie sortira, en 10 jours environ, un clone de la plante sur laquelle vous aurez prélevez ce futur 'rejeton'...
C'est pourquoi je l'appelle 'la feuille magique'. Imaginez que nous prenions l'un de vos doigts et que, dans un environnement qui lui conviendrait, il donne, après quelques mois, un clone de vous même... Étrange, non? Fascinant en tous les cas!!
Graptopetalum paraguayense est une succulente vraiment facile à vivre: elle pousse n'importe où! Que ce soit en pot ou en pleine terre, dans un substrat riche ou pauvre, qu'elle ait de l'espace ou pas, elle saura s'en débrouiller. Certes, si vous l'installez au soleil ce sera toujours mieux qu'à mi-ombre puisque celui-ci est l'une de ses raisons de vivre! Malgré sa provenance, on pourrait être très surpris par son incroyable rusticité: -10°c semble la température limite qu'elle puisse supporter, température néanmoins largement suffisante pour pouvoir la garder en pot & sans protection à Paris les trois derniers hivers, exceptionnellement froids, comme chacun sait!...
La Porcelaine est une petite succulente qui s'érige d'abord avant de succomber à l'attraction terrestre, laquelle lui confère finalement un port plus retombant que traçant. Ses feuilles d'un gris-bleuté presque métallique, teintées d'un rose aussi léger que discret, ont une fine couche cireuse (qui s'évanouit sous le doigt) afin qu'elle puisse se protéger des assauts du soleil, parfois brûlant au coeur de l'été.
C'est étonnant, voici le genre de plante que les passionnés se refilent entre-eux, comme la Misère ou tant d'autres végétaux aussi faciles à multiplier, et que l'on ne trouve généralement ni en jardinerie, ni en pépinière. Enfin et si l'on cherche bien, chacun de nous trouvera un copain ou un voisin qui pourra nous la procurer.
PS: je vous souhaite évidemment à tous une excellente année 2011!! J'ai une pensée toute particulière pour ma grand-mère maternelle laquelle est à l'origine de ma passion pour les 'exotiques' & autres palmiers...
Photo ci-dessous: belle potée de Graptopetalum paraguyaense, immortalisée dans l'un de ces nombreux jardins privés que compte la 'Méditerranée'...