Tout le monde ne le connaît pas. C’est un palmier trapu aux feuilles pennées, bleutées et particulièrement arquées. Des palmiers il y en a beaucoup et des bien plus fameux que celui-là. On connaît tous le Dattier (Phoenix dactylifera), son cousin des Canaries (Phoenix canariensis), le Trachy, le Washy, le Chamaerops et j’en oublie. Mais comme le Jubéa ou le Sabal, le Butia se fait plus discret, plus rare, plus long à germer et à pousser, mais aussi plus fort et plus agréable à contempler…
En effet, compte tenu d’une croissance somme toute assez lente, il n’est jamais le premier à être installé. Son aspect fort, un mélange de virilité et de rusticité, un pied puissant, des feuilles raides au bruit presque métallique font de lui un palmier que l’on plantera avec parcimonie, de-ci de-là, en sujet isolé.
C’est dommage et c’est peut-être même une erreur, car quand on le voit dans son milieu naturel il dégage une force et une présence bien plus importantes que dans les jardins, publics ou privés, dans lesquels il est cultivé. Idem pour ses cousins yatay et plus encore pour le Butia paraguyaense, plus petit, plus fin, lequel pousse en petites colonies bien ajustées…
Vous l’aurez certainement compris, notre Butia capitata est bien une ‘exotique’ puisqu'il nous vient essentiellement du Brésil et le l’Uruguay. Qui dit ‘exotique’, pour nous, induit forcément la question de la résistance au froid. De ce côté-là, il vous surprendra: des gels de -10°c ne seront pas suffisants pour entamer son envie de pousser, il faudra aller jusqu’à -15°c pour mettre son existence en danger! Attention cependant, ces températures sont données à titre indicatif et ont été relevées dans des situations de sol parfaitement drainé, d’exposition pleinement ensoleillée et sur de courtes durées.
Il est vrai que notre Butia préfère de loin le Sud de la France au Bassin Parisien, qu'il apprécie davantage une exposition parfaitement ensoleillée que partiellement ombragée et qu'il préfère avoir les pieds dans un sol bien drainé plutôt que ‘marner’ dans une terre argileuse, lourde à souhait. Cela n’empêche, il appréciera à sa juste valeur de copieux arrosages en été!
Cette résistance au froid, méconnue ou sous-estimée, permet de l’installer dans certains coins de la France où on n’aurait pas pensé le voir. On en croise notamment en Bretagne, en Normandie, près de Toulouse ou sur la Côte Atlantique et même à Paris! Un joli représentant de l’espèce pousse & fructifie, depuis plusieurs années maintenant, au pied du bâtiment de Radio France, à deux pas de la Seine et pas forcément bien exposé.
Attention cependant, pour réussir une telle installation il faudra prendre soin d’acheter un pied déjà âgé, bien développé et en pleine santé. La démarche restera vaine si la plante est trop jeune. Préférez un sujet de près de 2 mètres à une plantule de 20cm… Préparez-lui une belle fosse de plantation, riche, légère et très drainante. Une exposition plein Sud, évidemment et, si vous le pouvez, bien abritée des vents.
A défaut d’en acheter, la germination du Butia est également intéressante. L’endocarpe est tellement dur qu'on essaye généralement de le casser pour faciliter la germination. Après quoi et à une température assez élevée (30 à 35°c environ), les graines germent en deux mois, parfois un peu plus tôt, mais souvent aussi plus tard! (voir ‘Germination des graines de palmiers’ sur le lien suivant: http://lapepiniere.over-blog.net/article-15330796.html)
La croissance des jeunes pousses (ou 'seedlings') est lente mais constante. Le jeune pied réclamera eau & chaleur l’été, douceur et peu d’eau l’hiver, pour bien faire…
Les plus beaux Butia que j’ai vu étaient mêlés à d’autres palmiers, de forme de couleurs et de hauteurs différentes. C’est dans ces conditions-là que le bleuté de ses feuilles ressort le mieux et que son port si particulier devient enfin complémentaire aux palmiers et autres végétaux installés.
Je n’ai pas d’actions chez Butia & Co, aussi vous me croirez quand je vous répéterai cette sempiternelle phrase: où que vous habitiez et quel que soit votre budget, il faut que vous l’ayez!...
Photo ci-dessous et pour changer un peu du 'vert ou du bleuté immaculé': l'ombre caractéristique d'une feuille de Butia capitata au Jardin du Castel Sainte-Claire, à Hyères-les-Palmiers, dans le Var…