C’est drôle combien on peut être surpris parfois de rencontrer une plante qui nous plaît tant et que l’on ne connaissait pas. Cela a quelque chose de rassurant, mais surtout d’excitant de se dire que l'on peut toujours découvrir des nouveautés, de nouvelles variétés. C’est le cas pour ce Carex polycephala. On connaît tout un tas de Carex mais, celui-là, probablement pas…
L’histoire commence près de Paris, à la ‘Foire aux Plantes' de Saint Jean de Beauregard, en début de printemps. Malgré la boue, le froid et une ambiance guindée à souhait, mon regard croise un délicieux végétal que je ne connais pas. J’ai du mal à l’identifier et le rapproche de ce que je connais déjà: un genre de Cyperus, probablement. Il me plaît, on dirait une mini touffe de palmiers. Je l’observe, m’approche, j’essaye d’en faire le tour, je saisis le pot - un petit litrage - et suis fasciné, entre autres, par la disposition de son feuillage...
Il me faut évidemment rapidement me renseigner à son sujet car j’ai d’ores & déjà décidé de me le procurer. Son nom: Carex, un genre de graminée de la famille des Cyperaceae (= la famille du Papyrus) Son prénom: polycephala (= plusieurs têtes)
Je ne m’étais pas complètement trompé mais, quand on connaît quelques-uns des Carex les plus répandus on les rapprocherait davantage des graminées que des Cyperus!...
Pour le coup, la plante se développe exactement comme un Papyrus: elle lance, depuis son pied, de nombreux rejets. Ceux-ci se développent régulièrement pour former un bouquet de feuilles disposées de façon hélicoïdale et d’un vert qu'on ne peut oublier. En dehors de son aspect général, c’est sa floraison qui nous rappelle le plus son appartenance à la famille des Cyperaceae: les graines apparaissent en épis, au cœur et au sommet des feuilles, délicatement disposées. La plante est vraiment extra, c’est maintenant un plaisir de la posséder avant de la planter.
Par expérience et c’est certainement le plus important à retenir, Carex polycephala se plaît idéalement en situation mi-ombragée. Quelle que soit la région, le soleil a pour effet de faire jaunir ses feuilles. Il semble qu'il ait cependant une belle résistance à la sécheresse (même si une ambiance type ‘tourbière’ lui conviendrait davantage) du moment que le soleil ne lui tombe pas dessus à bras raccourcis, il poussera régulièrement avant de vous attendrir...
En pot ou pleine terre, si vous pouvez lui garantir un sol bien arrosé et correctement amendé, vous aurez toutes les chances de le voir au mieux se développer.
Malgré sa provenance ‘exotique’ (la Chine et, plus précisément, la province du Yunnan) il semble pouvoir toutefois résister à des gels de l’ordre de -5°c environ (même si l’on n’en sait encore trop peu sur la question!) En pot et dans la plupart des régions, il sera donc plus prudent de le remiser en serre froide. Pour ne prendre aucun risque, la pleine terre sera donc plutôt réservée à la zone de l’Oranger…
La plante, discrète, sait se faire désirer: il est, en effet, assez rare de la rencontrer au cours de 'balades botaniques’ mais, plus encore, lors de visites de pépinières ou autres jardineries. Je le regrette sincèrement, mais il est malheureusement encore très difficile de se le procurer en dehors des circuits intimistes que sont les 'foires aux plantes rares'. Je suis cependant certain que dans les années à venir il sera de plus en plus proposé à la vente, car ce Carex polycephala a bien trop de qualités pour être ignoré!
Notez toutefois qu'il existe une grande variété de Carex dont certains sont de véritables pépites botaniques, lesquelles je vous invite à découvrir sur Internet en fouillant un peu.
Ci-dessous: détail de Carex polycephala immortalisé (encore!) au Clos St. Bernard, à Hyères-les-Palmiers, dans le Var…