Ahhh je vois que ce nom alambiqué parle à quelques-uns d'entre-vous. Merci! Pour les autres c'est du Chinois (en fait, du Latin), et je vous comprends, car son nom n'est pas plus aisé à retenir qu'à prononcer! Il s'agit-là d'une vieille plante, bien connue de nos grands-mères, peut-être même trop vieille & trop démodée d'ailleurs pour qu'on la connaisse vraiment?!
Et pourtant, Aspidistra eliator est une véritable 'exotique' qu'il faut non seulement à tout prix connaître, mais aussi & surtout cultiver...
Allez, rapide topo sur la bestiole: Aspidistra eliator est une plante originaire de Chine (bah oui, comme quoi il est parfois du 'Made in China' qui est qualitatif!) Pour être un peu plus précis, elle est originellement Japonaise, mais elle a très vite été répandue en Chine où elle est devenue comme 'endémique'...
Phénomène de mode oblige, la plante a longtemps été cultivée en appartement pour ses qualités décoratives comme les Clivia, les Sansévéria & autres végétaux dans ce goût-là mais, à tort, car notre 'éliator' est bien plus résistante au froid que ce que l'on croit: je la cultive moi-même depuis quelques années déjà dans un jardin quasi-Sibérien (comprenez un endroit près de Paris où il arrive qu'il fasse parfois très froid) et jamais je ne l'ai perdue! Mieux encore, elle a résisté cette année encore à du -15°c au moins, sans dégel pendant près de trois semaines et avec, pour seule protection, un pauvre voile d'hivernage maintenu par un vieux bout de bois (ce sont toujours les cordonniers les plus mal chaussés!)
L'origine géographique de l'Aspidistra explique pourquoi notre plante est aussi résistante au froid. En provenance des mêmes régions, on connaît bien d'autres végétaux dits 'exotiques', dont le plus connu est certainement le Trachycarpus fortunei, un palmier résistant à -18°c au moins. Mais sa résistance au gel n'est pas sa seule qualité. En effet, Aspidistra eliator est une bien drôle de plante rhizomateuse qui produit, inlassablement, mois après mois (même si à un rythme plutôt tranquille), des feuilles oblongues d'un vert profond.
N'ayant pas choisis une photo de son feuillage pour illustrer cet article, je vous invite à la (re)découvrir sur la Toile dès que vous aurez quelques minutes à lui accorder.
La plante se plaît idéalement à l'ombre ou à mi-ombre, dans un sol indifféremment lourd ou léger, du moment qu'il sera de temps en temps amendé & régulièrement arrosé. Un 'entre-deux' sera cependant idéal pour le végétal. Côté floraison, il faudra repasser! Aspidistra produit en effet une fleur certes, très originale, mais aussi & surtout très discrète: celle-ci est coincée entre les feuilles de la plante et à quelques centimètres seulement de la terre... Les seuls à pouvoir vraiment en profiter sont les escargots et les limaces. Ça tombe bien, ce sont également eux, venus chercher un peu de fraîcheur au coeur des feuilles, qui vont polliniser la plante.
Cependant (et fort de mon expérience), je peux vous assurer qu'il est bien plus aisé de la multiplier par division de la souche qu'en semant ses graines quasi imaginaires! La reprise est très aisée et la pousse, même si lente, est régulière et constante...
On la trouve de plus en plus facilement en jardinerie et c'est tant mieux, mais son prix reste malheureusement assez élevé. Cela s'explique simplement par la lenteur de sa croissance. Croyez-moi cependant, cela ne doit pas vous rebuter: une fois la plante achetée elle n'aura de cesse de prospérer!...
Ci-dessous et contre toute attente, je vous propose la photo du système racinaire d'un Aspidistra eliator un peu à l'étroit dans son container lors d'un rempotage plus que nécessaire l'été dernier...